Une étude révèle qu’une femme sur deux a subi des violences physiques ou sexuelles en Bolivie.

Mar 21, 2024 | Notre pays

Une femme sur deux et quatre adolescents sur dix ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie en Bolivie, selon une étude présentée jeudi, qui confirme également le manque de confiance dans le système judiciaire contestable pour assurer la réparation des victimes de ces événements.

À ma place. Étude sur la violence contre les enfants, les adolescents et les femmes, et la réponse du système judiciaire » est le titre de la recherche menée par la Mission internationale de justice (IJM) Bolivie et l’Institut de recherche en sciences du comportement (IICC) de l’Université catholique de Bolivie (UCB).

L’initiative de l’IJM a été lancée dans le but de disposer de « données de base fondamentales » pour élargir son champ d’action, qui était axé sur la lutte contre la violence à l’égard des mineurs, et qui inclura désormais les femmes de plus de 18 ans, a expliqué à EFE Alejandra Cámara, directrice de terrain de l’IJM en Bolivie.

Selon M. Cámara, l’entité a vu en l’IICC un « allié idéal pour réaliser cette étude qui peut faire suite au travail » qui sera réalisé « dans le cadre du projet IJM Bolivie ».

Les données permettront d’appeler à des changements législatifs tels que la modification du crime de viol d’enfants et d’adolescents ou l' »imprescriptibilité des crimes sexuels », a-t-il ajouté.

L’enquête a été « très difficile » et a duré deux ans et demi, au cours desquels plus de 3 000 enquêtes ont été menées dans les villes de La Paz, El Alto, Sucre et Cochabamba et quelque 700 carnets de contrôle juridictionnel ont été examinés, a déclaré à EFE Marcela Losantos, coordinatrice institutionnelle de l’IICC.

Données d’alarme

L « étude prend en compte quatre axes ou “domaines” : la prévalence ou l’occurrence des cas de violence physique ou sexuelle à l’encontre des mineurs et des femmes, la performance du système public de justice pénale (SPJP), la perception de la confiance dans ce système et la dépendance ou la volonté des victimes de signaler les faits et de poursuivre le processus jusqu » à ce que justice soit rendue.

L’une des données les plus pertinentes est qu’une femme sur deux et quatre adolescents sur dix ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie.

En outre, seules deux femmes sur dix et un adolescent sur vingt ayant subi de telles violences l’ont signalé.

Le rapport indique également que 8 adolescents sur 10 et 54,6 % des femmes qui ont été victimes de violences risquent d’en subir à nouveau.

Seule une victime sur dix qui a parlé à quelqu’un de la violence qu’elle a subie bénéficie d’un service quelconque de rétablissement.

Par ailleurs, 4,53 % des adolescents et 16,89 % des femmes victimes de violence l’ont signalé et seule une victime sur dix qui a parlé à quelqu’un du mal qu’elle a subi a bénéficié d’un service quelconque pour l’aider à se rétablir.

Performance et confiance

Selon M. Losantos, l’examen des cahiers de contrôle juridictionnel a montré que seuls 2,9 % des cas ont abouti à une sentence exécutoire et que 60 % « ont été rejetés ».

L’enquête a également révélé que la durée moyenne des premières étapes de la procédure pénale dépasse les limites légales et que le nombre moyen de jours écoulés entre le dépôt de la plainte et l’obtention d’une condamnation exécutoire dépasse le délai de trois ans prévu par la loi.

« Dans ce processus, il y a une re-victimisation constante. Six personnes sur dix qui subissent des violences les subissent à nouveau alors qu’elles sont en train de traiter la plainte », a déploré M. Losantos.

Seulement 21,7% des personnes interrogées, y compris les fonctionnaires du système judiciaire lui-même, ont confiance dans l’efficacité globale du système judiciaire.

M. Losantos a estimé que la confiance dans le système « ne dépend pas seulement de la volonté des fonctionnaires, mais aussi des conditions dans lesquelles ils se trouvent actuellement ».

« Le budget de la justice est faible et la rotation du personnel est très élevée. Les citoyens n’ont pas confiance dans le système lui-même, si bien que les gens réfléchissent plus d’une fois lorsqu’ils déposent une plainte », a-t-il déclaré.

Le chercheur a souligné que le Conseil de la Magistrature lui a permis de réaliser cet examen « parce qu’il n’y a pas de système qui apprend s’il ne peut pas se regarder lui-même ».

Les données permettront d’appeler les institutions et la société à se mettre à la place des victimes.

L « étude a été présentée à un moment où le système judiciaire bolivien continue la crise chronique à laquelle il est confronté depuis des années, en plus de la prolongation de ses hauts magistrats en l’absence d » élections judiciaires qui auraient dû avoir lieu en 2023.