La Bolivie a enregistré 4 804 mariages d’adolescents âgés de 16 à 17 ans au cours des 10 dernières années, tandis que les mariages de filles âgées de 12 à 15 ans se sont élevés à 487, en plus de 458 246 grossesses de mineures, selon le rapport « Rêves interrompus » présenté mardi par le bureau du médiateur.
L’étude s’appuie sur les mariages déclarés au Service d’enregistrement civique (Serecí) entre 2017 et septembre 2023, qui établit que sur les 4 804 mariages d’adolescents, « 38 % concernent des adolescents de 16 ans et 62 % des adolescents de 17 ans ».
Alors que « 487 mariages de filles de 12 ans et d’adolescents de 13, 14 et 15 ans » sont enregistrés, malgré le fait qu’une loi en vigueur dans le pays depuis 2014 fixe à 16 ans l’âge minimum pour la formalisation d’un lien matrimonial.
L’entité de défense des droits de l’homme a également indiqué qu’entre 2015 et septembre 2023, il y a eu « 458 246 grossesses chez les filles et les adolescentes », avec une « nette tendance à la baisse » au cours de la dernière période.
Le rapport indique également que le nombre le plus élevé de grossesses chez des mineures âgées de 12 à 14 ans a été enregistré dans 10 municipalités qui ont recensé au moins 35 cas en 2022. La moitié d’entre elles se trouvent dans des juridictions rurales telles que Riberalta, Guayaramerín et San Borja, à Beni, et Montero et San Ignacio de Velasco, à Santa Cruz.
Les municipalités qui comptent le plus de grossesses chez les filles et les adolescentes sont Santa Cruz (428), Trinidad (144) et Riberalta (79). Le rapport souligne également qu’à San Javier, à Beni, les grossesses de filles âgées de 10 à 14 ans représentent 40 % des naissances.
De même, l’enquête a établi, par « recoupement » avec les registres du ministère public, que, « avec une grande probabilité », dans au moins neuf municipalités, entre 20 et 46 % des grossesses de mineures sont « le résultat d’un viol ».
Dans ces conditions, le bureau du médiateur a recommandé aux municipalités les plus touchées de procéder à une « réaffectation des budgets » afin de réduire le nombre de ces cas et d’informer leur population « sur l’accès à l’interruption légale de grossesse ».
En Bolivie, l’avortement est passible d’une peine d’emprisonnement, sauf en cas de viol ou si la vie de la femme est en danger, mais pour interrompre une grossesse, il faut une ordonnance du tribunal, qui peut prendre des mois à être délivrée.
En 2014, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt établissant qu’une telle autorisation judiciaire n’est pas nécessaire et qu’une simple copie de la déclaration de viol ou d’un rapport médical, selon le cas, suffit pour accéder à l’interruption de grossesse.
Les organisations féministes demandent à la Bolivie de se doter d’une loi sur les droits sexuels et reproductifs afin de garantir la santé et la vie des filles et des femmes.