Violence sexuelle : en quatre mois, la Bolivie a enregistré 2 750 cas, dont 722 concernent des mineurs.

Mai 15, 2025 | Notre pays

Pendant des années, une mineure a été abusée sexuellement par son beau-frère, avec qui elle a eu deux enfants, à Oruro.

Tout a commencé alors qu’elle n’avait que 14 ans, après que sa sœur, la femme de l’agresseur, a convaincu ses parents de l’envoyer vivre avec eux pour l’aider dans les tâches ménagères. Peu après, les abus ont commencé sous la menace que si elle en parlait, sa famille serait en danger.

Une fois, sa sœur a surpris l’agresseur, mais au lieu de le dénoncer, elle a fait pression sur la victime pour qu’elle garde le silence. À l’âge de 17 ans, elle a donné naissance à un bébé, mais les abus ne se sont pas arrêtés là et, quelque temps plus tard, elle a eu un deuxième enfant. Elle est ensuite tombée à nouveau enceinte, mais cette fois, elle a été contrainte d’interrompre sa grossesse.

La victime, aujourd’hui âgée de 24 ans, n’en pouvait plus et a décidé de raconter tout ce qui s’était passé à ses parents, qui l’ont signalé aux autorités. Le parquet a ouvert une enquête et l’agresseur a été placé en garde à vue pour viol aggravé, et sa compagne a été arrêtée pour complicité.

Il s’agit de l’une des affaires instruites par le ministère public, qui met en évidence la nécessité urgente de lutter contre les violences sexuelles dans le pays, en particulier celles qui touchent les mineurs.

Les données du bureau du procureur général révèlent l’ampleur du problème. Au cours des quatre premiers mois de l’année 2025, 2 750 signalements d’abus sexuels et de viols ont été enregistrés. Parmi ceux-ci, 722 concernent des viols de nourrissons, d’enfants et d’adolescents.

Selon les estimations de l’UNICEF, plus de 370 millions de filles et de femmes dans le monde, soit une sur huit, ont subi une forme ou une autre d’agression sexuelle avant l « âge de 18 ans, un chiffre qui s » élève à 650 millions si l’on inclut d’autres types de violence sexuelle, comme la violence verbale ou la violence sur l’internet.

Le plus grave, c’est que dans presque tous les cas signalés, les agresseurs sont des membres de la famille ou des personnes de l’entourage le plus proche. Les données révèlent que l’intégrité physique et émotionnelle des victimes est menacée précisément dans des espaces qui devraient être sûrs, tels que leur propre maison, leur école et leur communauté.

Parfois, les abus se terminent par des grossesses précoces, violant ainsi d’autres droits. Le procureur départemental d’Oruro, Aldo Morales, a indiqué que dans le cas de la jeune fille qui a décidé de rompre le silence, le ministère public demande la détention préventive de l’agresseur et une peine de 30 ans sans droit de grâce, en raison des circonstances aggravantes.

L’autorité a recommandé aux parents de communiquer davantage avec leurs enfants et d’être conscients de leur environnement, de savoir ce qu’ils font, qui ils rencontrent et où ils vont afin de protéger leur bien-être. « Ce sont des années de calvaire que cette mineure a vécu, où la sœur, sachant ce qui s’est passé, a décidé de protéger l’agresseur », a regretté le procureur.

Un autre cas qui a attiré l’attention des médias et suscité une vive indignation au sein de la population est celui d’une jeune fille de 15 ans qui a été abusée par ses camarades de classe.

Les faits se sont produits dans la municipalité de Salinas de Garci Mendoza, lorsque, en l’absence des parents de l’un des jeunes, celui-ci a invité la victime chez lui pour une réunion avec sept autres compagnons. Au cours de la réunion, les jeunes ont consommé des boissons alcoolisées.

Suite à la plainte, le mineur responsable a été jugé et placé dans un centre de détention de la ville d’Oruro. En outre, les autres mineurs impliqués, dont l’âge varie entre 15 et 17 ans, ont fait l’objet d’une demande d’arrestation.

Des vies écourtées

La directrice de la Casa de la Mujer, Ana Paola García Villagómez, note que les données officielles montrent qu’au cours des quatre premiers mois, la Bolivie a enregistré 15 536 plaintes pour des délits relevant de la loi 348, dont 3 455 concernent des abus sexuels, du harcèlement sexuel, des actes sexuels abusifs, des viols et des viols, y compris d’enfants et d’adolescents (ces derniers comprennent plus de 2 700 cas d’abus sexuels et de viols).

M. Villagómez souligne que les statistiques montrent que 29 cas de violence sexuelle sont signalés chaque jour dans le pays. Il regrette que certaines personnes, en particulier les filles, soient considérées comme des objets. Elle estime qu’il est nécessaire de promouvoir des politiques éducatives pour endiguer ce fléau.

« Nous devons nous engager dans l’éducation sexuelle, une éducation sexuelle complète. C’est la clé pour réduire la violence », insiste-t-elle.

Elle affirme qu’il reste beaucoup à faire pour que les filles puissent vivre et rêver en toute liberté et sans violence. Mme Garcia espère qu’un projet de loi sera débattu au Sénat, qui vise à interdire le mariage des filles de moins de 18 ans.

« Toujours dans le pays, les filles de 16 ans ayant l’autorisation de leurs parents peuvent se marier, elles sont donc coupables de détournement de mineur, sans tenir compte du fait que l’une des conséquences des violences sexuelles est la grossesse non désirée.

En 2024, 240 enfants de moins de 10 ans ont été mères, ce qui est choquant et douloureux, mais fait aussi partie d’une société qui permet ces types de violence », déplore-t-elle. L’Unicef note que toute forme de violence sexuelle a un impact sur le capital humain, car les conséquences physiques et mentales ont des répercussions sur le développement des pays.