La Paz, 8 avril 2025 (ANF) - L’Observatoire bolivien de la sécurité citoyenne et de la lutte contre les drogues (OBSCD) a présenté un récent bulletin statistique, révélant une baisse significative des crimes contre la vie au cours de l’année 2024. Selon le rapport, ces crimes - qui comprennent les meurtres, les fémicides, les homicides, les infanticides et les parricides - ont enregistré une diminution de 17,19 % par rapport à 2023, ce qui représente la plus forte réduction de ces cinq dernières années. Toutefois, malgré ces progrès, les féminicides et les homicides continuent de représenter un grave problème de sécurité publique qui nécessite une plus grande attention.
Selon les données, en 2024, 448 crimes contre la vie ont été signalés, contre 541 l’année précédente. Cette réduction, bien qu’encourageante, ne cache pas la persistance d’un phénomène qui affecte des milliers de familles boliviennes. L’OBSCD a souligné que, bien que la tendance soit positive, la violence extrême continue d « être l’un des principaux défis pour l » État, en particulier dans les régions où les taux de criminalité sont élevés.
Les chiffres préliminaires, mis à jour jusqu’en décembre 2024, reflètent un effort institutionnel pour lutter contre ces crimes, mais soulignent également la nécessité de renforcer les stratégies de prévention.
L’analyse par catégorie montre que les homicides représentent la majorité des cas, avec 59,82% du total. Ils sont suivis par les féminicides (18,75%) et les meurtres (15,85%), tandis que les infanticides (4,69%) et les parricides (0,89%) sont moins fréquents. Cette répartition révèle que la violence interpersonnelle et sexiste reste prédominante en Bolivie.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont souligné que, bien que les homicides de droit commun aient diminué, les féminicides conservent une « incidence alarmante », ce qui nécessite des politiques spécifiques pour protéger les femmes et les groupes vulnérables.
Au niveau départemental, Santa Cruz a enregistré le plus grand nombre de plaintes, suivi de Cochabamba et de La Paz. En revanche, des régions telles que Pando et Chuquisaca ont enregistré des chiffres nettement inférieurs. Toutefois, le rapport met en évidence des disparités inquiétantes : alors que Santa Cruz a connu une réduction de 38,07 % de ces crimes, Oruro a enregistré une augmentation de 36,36 %.
Ces différences régionales suggèrent que les stratégies de sécurité doivent être adaptées aux réalités locales, en tenant compte de facteurs tels que la densité de population, la présence de réseaux criminels et l’accès aux services de justice.
Le bulletin analyse également l’évolution mensuelle de ces crimes. En décembre 2024, 31 signalements ont été enregistrés, ce qui représente une baisse de 3,13 % par rapport à novembre 2024 et une baisse de 27,91 % par rapport à décembre 2023. Toutefois, les experts en sécurité publique avertissent que la violence ne suit pas un schéma saisonnier clair, de sorte que les efforts de prévention doivent être maintenus tout au long de l’année.
En outre, ils soulignent l’importance de déterminer si ces diminutions sont dues à des politiques efficaces ou à des facteurs externes, tels que des changements dans les schémas de criminalité ou une sous-déclaration des cas.
L’une des données les plus alarmantes du rapport est le profil d’âge des victimes. Les groupes les plus touchés sont les 30-39 ans (92 cas) et les 18-29 ans (90 cas). Toutefois, l’augmentation de 5,41 % du nombre de victimes âgées de moins de 18 ans est particulièrement préoccupante, car elle reflète la vulnérabilité croissante des enfants et des adolescents.
Malgré la diminution générale des crimes contre la vie, l’incidence des fémicides reste inacceptablement élevée, avec 84 cas signalés en 2024. Les groupes féministes et les défenseurs des droits de l’homme ont souligné que ces chiffres témoignent de la persistance d’une culture machiste et du manque d’application effective de lois telles que la loi 348, qui vise à garantir aux femmes une vie exempte de violence. Les autorités reconnaissent le défi, mais insistent sur le fait que des mesures telles que la création de bureaux de procureurs spécialisés et des campagnes de sensibilisation sont mises en œuvre.
