Dans le cadre de la 193ème session de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), Ipas Bolivie, représenté par le Dr. Malena Morales, directrice nationale, et Martín Vidaurre, coordinateur politique, a participé ce 21 juillet 2025 à l’audience thématique sur la situation des droits sexuels et reproductifs (DRSR) des filles et des adolescentes en Bolivie.
Depuis des années, en collaboration avec la société civile, Ipas Bolivie dénonce les chiffres alarmants des violences sexuelles et des grossesses forcées auxquelles sont confrontées des milliers de jeunes filles dans le pays. En 2024, 2 738 naissances ont été signalées chez des filles de moins de 14 ans, dont 240 chez des filles de moins de 10 ans ; en d’autres termes, tous les deux jours, une fille de moins de 10 ans est devenue mère à la suite d’une grossesse forcée (selon les données du Système national d’information sanitaire - Surveillance épidémiologique - SNIS - VE).
Cela montre qu’en Bolivie, les mariages précoces et forcés et les unions d’enfants (MUIFT) sont profondément normalisés, cachant des cas de violence sexuelle sous l’apparence d' »unions consensuelles ». Ces pratiques obligent les filles à abandonner l’école, à assumer une maternité forcée et à perdre leur enfance, les exposant ainsi à d’autres violences, à la pauvreté et à de graves conséquences sur leur santé physique et mentale. Elles perpétuent également l’impunité, laissant les filles sans justice ni possibilité de mener une vie digne.
Ipas Bolivie demande instamment à l’État bolivien de :
- Réglementer l’objection de conscience afin d’éviter qu’elle ne devienne un obstacle à l’accès à l’avortement légal.
- Adopter un programme global de lutte contre la violence sexuelle à l’égard des enfants et des adolescents.
- Mettre à jour le plan plurinational de prévention de la grossesse chez les adolescentes, qui n’existe plus depuis 2020.
- Garantir un accès effectif à l’avortement à tous les âges gestationnels, sans discrimination, conformément à l’arrêt constitutionnel 0206/2014.
- Élaborer des campagnes visant à éliminer la stigmatisation et la revictimisation des filles et des adolescentes dans les services de santé.
- Promulguer une loi globale sur les droits sexuels et génésiques qui garantisse l’accès à une santé sexuelle et génésique complète, élimine les avortements à risque et reconnaisse l’interruption volontaire de grossesse comme un droit.
La CIDH a demandé à l’État bolivien des informations spécifiques sur les grossesses chez les adolescentes, le viol des filles de moins de 10 ans et le respect de ses obligations internationales.
Ipas Bolivie nous rappelle que l’État a la responsabilité de protéger les filles et les adolescentes, en garantissant leur santé, leur vie et leur dignité.
Nous continuerons à travailler et à exiger des réponses jusqu’à ce que #GirlsNotMothers devienne une réalité en Bolivie.
Vous pouvez visionner l’intégralité de l’audition ici : https://www.youtube.com/watch?v=wMGvK7rFCdQ