Le ministère public bolivien a indiqué lundi qu’au cours des six premiers mois de 2024, 45 féminicides et 19 infanticides ont été signalés et que, dans la plupart des cas, les auteurs sont en détention provisoire.
La directrice du bureau du procureur spécial pour les crimes contre la vie et l’intégrité personnelle, Elizabeth Viveros, a indiqué qu’au cours du premier semestre de l’année, il y avait eu 45 féminicides, la majorité d’entre eux étant concentrés à La Paz (11).
M. Viveros a expliqué que 26 affaires sont en phase préparatoire, ce qui signifie que les auteurs sont en détention provisoire. Dans seulement 14 de ces cas, une peine de 30 ans de prison a été prononcée.
Samedi, la justice bolivienne a condamné un homme de 27 ans, accusé d’avoir tué son ex-partenaire de 28 ans, à 30 ans de prison sans possibilité de grâce.
L’incident s’est produit en mars 2022 et a suscité l’indignation de la société après que l’on a appris la brutalité et la méchanceté avec lesquelles l’homme aujourd’hui condamné a agi.
Toutefois, si certaines affaires aboutissent à une condamnation, les meurtres de femmes sont récurrents dans les régions montagneuses.
Le directeur du ministère public a fait état du meurtre d’une femme de 69 ans survenu au cours du week-end dans la ville de Santa Cruz, dans l’est du pays. Victime d’une agression sexuelle, elle a été tuée de plusieurs coups.
Selon le ministère public, la majorité des féminicides en Bolivie sont commis par les ex-partenaires des victimes qui ne vivaient plus avec elles au moment du crime.
D’autre part, Viveros rapporte qu’au cours du premier semestre 2024, 19 infanticides ont été signalés et que La Paz concentre, avec les féminicides, la majorité des cas (11).
Santa Cruz (4), Cochabamba (2), Oruro (2) et les cinq autres départements n’ont enregistré aucun infanticide.
Le ministère public bolivien a réussi à obtenir des tribunaux qu’ils condamnent deux des cas, tandis que les agresseurs ont été placés en détention provisoire dans neuf autres cas. Les autres affaires font l’objet de procédures judiciaires.
Ces dernières heures, un garçon de 7 ans a perdu la vie dans la ville de Caranavi (vallées de La Paz) après avoir été étouffé par le voisin de sa mère. La police a arrêté l’agresseur qui est actuellement en détention préventive.
La loi 348 en vigueur en Bolivie depuis 2013 punit le féminicide de 30 ans d’emprisonnement sans droit de grâce, la peine maximale prévue par la législation du pays.
Différentes organisations de femmes affirment depuis des années que cette norme n’est pas pleinement respectée en raison, entre autres, des retards judiciaires, du manque de ressources économiques et du manque de personnel formé pour traiter les plaintes pour violence masculine.
En avril, un groupe de législateurs du parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS), a demandé une réforme de la loi 348 au motif qu’elle était « anti-hommes ». Cette demande a été rejetée par l’opposition et l’aile pro-gouvernementale du gouvernement du président Luis Arce.
Les féminicides et infanticides constants placent la Bolivie parmi les pays les plus violents de la région.