De 2020 à ce jour, en Bolivie, 7 181 plaintes pour détournement de mineur ont été enregistrées, un crime dont la validité a été observée par la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). L’organisme constatera qu’il est à l’origine de l’impunité de crimes qui, de par leur nature, devraient être qualifiés de viol, qui est également aggravé parce que la victime est mineure.
« Il est urgent de s’occuper des questions concernant nos enfants et nos adolescents. Depuis le mois de mars, avec un rapport et un travail minutieux réalisé par le Sénat et les députés, le projet de loi 010 a été approuvé à l’unanimité, qui parle de l’incorporation du délit de viol incestueux, élimine le viol légal et reconstitue l’absence de consentement comme élément pour l’établissement du délit de viol », a indiqué la députée du MAS, Olivia Guachalla.
L’article 309 du code pénal bolivien stipule qu’il y a détournement de mineur lorsque « par séduction ou tromperie, on a un rapport charnel avec une personne de l’un ou l’autre sexe âgée de plus de quatorze ans et de moins de dix-huit ans ». La sanction pour ce crime est une privation de liberté de trois à six ans.
Selon les rapports annuels du ministère public, il s’agit d’un crime qui augmente d’année en année. En 2020, 1 091 cas ont été signalés, tandis qu’en 2023, le chiffre a atteint 1 782, soit une augmentation de plus de 63,3 %.
De même, entre janvier et juillet 2024, 1 027 cas ont déjà été enregistrés, ce qui laisse présager que le chiffre à la fin de l’année dépassera celui de 2023. Il convient de rappeler que ces données correspondent uniquement aux plaintes qui sont parvenues au ministère public ; on ne sait pas combien ne sont pas signalées.
Viol et impunité
Le cas de Brisa Angulo, une jeune fille de 16 ans qui a été violée par un membre de sa famille entre 2001 et 2002, est l’un des cas qui démontrent le manque d’accès à la justice pour les victimes. Après avoir parcouru les tribunaux et les différentes instances boliviennes, elle a réussi à se faire entendre par la Cour interaméricaine des droits de l’homme.
Le jugement contre l « État bolivien est intervenu 20 ans plus tard, en 2022. L’arrêt stipule que l » État a violé les droits de Brisa et l’a revictimisée.
Dans le corps du document, la Cour CIDH recommande à l’État d’apporter des modifications au code pénal, y compris l’annulation du crime de détournement de mineur. Cependant, à ce jour, la question n’a pas été traitée par l’Assemblée législative, malgré l’existence de quatre projets de loi en commission sur le sujet.
L’observation souligne que cette infraction pénale, telle qu’elle était et est prévue dans la législation bolivienne, est incompatible avec la Convention américaine. Elle affirme que toute hypothèse d’accès charnel avec une personne âgée de 14 à 18 ans, sans son consentement ou dans un contexte où son consentement ne peut être déduit en raison de la séduction, de la tromperie, de l’abus de pouvoir, de la coercition, de l’intimidation ou de toute autre raison, doit être considérée comme un crime de viol.
Parmi les mesures de non-répétition, la Cour CIDH stipule que l’État doit, dans un délai raisonnable, éliminer l’infraction pénale de viol de son système juridique.








