Onze années se sont écoulées depuis qu’une décision constitutionnelle a marqué une étape importante dans l’accès à l’interruption légale de grossesse (ILE). Cependant, des lacunes subsistent dans le système de santé du pays.
En 2024, le bureau du médiateur a mené une enquête sur les organismes de sécurité sociale, mieux connus sous le nom de fonds de santé, qui a fait l’objet d’un rapport présenté cette année. Il a constaté des faiblesses et ce qui est considéré comme un problème fondamental : l’absence de règlements internes.
« L’intervention a été réalisée dans 13 entités de gestion de la sécurité sociale à court terme (…). 92% de ces caisses de santé, par exemple, n’ont pas de règlement interne pour la mise en œuvre de l’avortement », a expliqué le médiateur, Pedro Callisaya, dans son émission « El Defensor con el Pueblo » (Le médiateur avec le peuple).
FONDS DE SOINS DE SANTÉ
Le rapport montre que 12 (92%) des 13 fonds de santé consultés ne disposent pas de la norme interne, qui est une ligne directrice et un guide pour le personnel afin de fournir le service envisagé pour les victimes de violence et les femmes dont la vie est en danger. L’une des caisses consultées n’a pas répondu (8%).
En outre, le Bureau du Médiateur a identifié un manque de connaissance de l’arrêt constitutionnel plurinational (SCP) 206/2014 dans les entités.
L’interruption de grossesse est en vigueur dans le pays depuis plus de 50 ans, en vertu de l’article 266 du code pénal, approuvé par le décret-loi 10426 de 1972 et élevé au rang de loi 1768 en 1997.
L’article 266 du code (Avortement impuni) stipulait : « Lorsque l’avortement est la conséquence d’un crime de viol, d’enlèvement non suivi de mariage, de détournement de mineur ou d’inceste, aucune peine n’est appliquée, à condition que des poursuites pénales aient été engagées. L’avortement n’est pas non plus punissable s’il a été pratiqué dans le but d’écarter un danger pour la vie ou la santé de la mère et si ce danger n’a pu être écarté par d’autres moyens. Dans les deux cas, l’avortement doit être pratiqué par un médecin, avec le consentement de la femme et une autorisation judiciaire si nécessaire.
ILE
L’arrêt constitutionnel a fait un pas de plus dans cette direction. Il « a déclaré inconstitutionnelles les expressions » à condition que l’action pénale ait été engagée « et » autorisation judiciaire le cas échéant « . Par conséquent, ces deux exigences ne sont plus nécessaires », a déclaré le bureau du Médiateur.
En janvier 2015, le ministère de la santé a publié une résolution rendant obligatoire le respect de ces normes dans l’ensemble du système de santé, y compris la sécurité sociale. Après plus d’une décennie d’application de ces normes, les cajas ne sont toujours pas sensibilisées.
« Il convient de noter que, parmi les réponses des 12 EGSSCP (Organismes de gestion de la sécurité sociale de courte durée), la méconnaissance de la portée et des caractéristiques de la réglementation en la matière a été réitérée. C’est-à-dire, du PSC N° 206/2014 et de la Procédure Technique », (sic) détaille le rapport du médiateur.
Faute de connaître la norme et de disposer d’une norme interne, le personnel ne dispose pas de lignes directrices pour mettre en œuvre l’avortement.
ÉTALON INTERNE
« En manquant de clarté dans les procédures, les caisses de santé peuvent générer des situations de refus de soins à des usagers qui ont tout à fait le droit d’accéder à ce service, que ce soit parce qu’ils sont titulaires ou bénéficiaires d’une assurance maladie. Cela affecte directement leur santé physique, psychologique et sexuelle, et peut conduire à des cas de re-victimisation, voire à de graves violations des droits », a déclaré Mme Callisaya à La Razón Callisaya.
Par exemple, lorsque l’on examine les conditions requises pour passer à une EMI, on constate que les critères varient en fonction du domaine, même au sein d’une même boîte (voir encadrés).
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« Compte tenu de l’absence de règlement intérieur de l’organisme gestionnaire et de normes qui normalisent les soins dans ce type de cas, les autorités et le personnel de santé disposent d’un cadre d’action totalement discrétionnaire. Cela affecte directement les clients qui demandent des soins », a déclaré M. Callisaya.
« Certains ont même fait référence à des exigences qui ne sont pas envisagées dans la législation actuelle. La discrétion et la méconnaissance des exigences demandées aux victimes vont jusqu’à des extrêmes dans lesquels on leur demande l’autorisation du partenaire, une analyse des antécédents médicaux, une ordonnance du tribunal ou une autorisation de l’ordre des médecins. Des extrêmes qui rendent encore plus difficile l’accès à l’avortement dans le cadre du CEPSS », a-t-elle ajouté.
ACCÈS
Sur les 13 boîtes consultées dans le cadre du rapport, 77% (10) n’avaient pas de trace d’E/MGF. 15% (2) ont déclaré en avoir et 8% (1) n’ont pas répondu. 15 % (2) ont déclaré avoir subi des MGF/E et 8 % (1) n’ont pas répondu.
Les données compilées par la Defensoría montrent qu’en 2021 et 2022, les cajas effectueront 16 ILE par an. En 2023, le nombre d’ILE sera de sept.
Callisaya a expliqué que l’absence d’un guide interne, traduit en norme, génère « un vide réglementaire qui contribue à l’incertitude et à la confusion, tant pour le personnel administratif et médical (…) que pour les assurés ».
Une norme interne n’est pas une simple formalité, mais une ligne directrice qui, dans de nombreux cas, fait encore défaut.