La violence fondée sur le genre : un défi incontournable dans le processus électoral de 2025

Fév 28, 2025 | Notre pays

Source : Bulletin du droit à une vie sans violence pour les femmes, 2024

Près de 13 ans après l’entrée en vigueur de la loi 348, la violence domestique et sexuelle reste la forme de violence la plus répandue, et peu de progrès réels ont été réalisés dans la lutte contre ce fléau. Gabriela Montaño, ancienne députée du Movimiento Al Socialismo (MAS), a critiqué l’inefficacité de la loi, soulignant qu’elle est isolée dans un système judiciaire corrompu. Lourdes Millares, également ancienne députée, a dénoncé la violation constante des droits des femmes, soulignant l’impunité des fémicides.

    La Paz, Bolivie. La violence fondée sur le genre reste une crise persistante en Bolivie, avec plus de 40 000 plaintes signalées chaque année, selon les données du ministère public, malgré une légère baisse des fémicides depuis 2018. En 2024, 79 féminicides ont été enregistrés, un chiffre alarmant qui reflète la gravité de la situation. Les statistiques, constantes ces dernières années, révèlent l’absence de progrès significatifs dans la prévention de la violence à l’égard des femmes.

    La loi 348, Integral to Guarantee Women a Life Free of Violence, en vigueur depuis 2013, vise à garantir une vie sans violence, mais sa mise en œuvre se heurte à des obstacles tels que le manque de ressources, la corruption et la revictimisation dans le système judiciaire. Bien que des mesures de protection soient en place, l’impunité persiste, avec un faible pourcentage d’affaires aboutissant à des condamnations.

    Types de violence à l’égard des femmes

    Groupe de Boliviens autour d'une table

    Source : Bulletin du droit à une vie sans violence pour les femmes, 2024

    Près de 13 ans après l’entrée en vigueur de la loi 348, la violence domestique et sexuelle reste la forme de violence la plus répandue, et peu de progrès réels ont été réalisés dans la lutte contre ce fléau. Gabriela Montaño, ancienne députée du Movimiento Al Socialismo (MAS), a critiqué l’inefficacité de la loi, soulignant qu’elle est isolée dans un système judiciaire corrompu. Lourdes Millares, également ancienne députée, a dénoncé la violation constante des droits des femmes, soulignant l’impunité des fémicides.

      Groupe de Boliviens autour d'une table

      Source : Bulletin du droit à une vie sans violence pour les femmes, 2024

      Groupe de Boliviens autour d'une table

      Source : Bulletin du droit à une vie sans violence pour les femmes, 2024

      Un problème structurel et la faiblesse du système judiciaire

      Pour leur part, d’anciennes porte-parole, comme Dina Chuquimia, ont demandé que les programmes du gouvernement 2025 soient plus énergiques et se concentrent en particulier sur les filles et les femmes âgées, qui sont les plus exposées à la violence. Tania Sánchez, directrice de la Coordinadora de la Mujer, a souligné la nécessité d’une réforme législative et d’une transformation profonde de l’administration de la justice.

      Dans le contexte des élections générales de 2025, il n’y a toujours pas de propositions concrètes de la part des partis politiques pour une lutte frontale contre ce crime. Elizabeth Reyes, d’Unidad Nacional, promeut un « système politique favorable à la condition des femmes » et met l’accent sur la lutte contre le harcèlement et la violence politique, ainsi que sur les féminicides.

      D’autres acteurs politiques reconnaissent que la violence à l’égard des femmes n’a pas été traitée efficacement ces dernières années. Par exemple, Svonko Matcovick, de Creemos, a souligné le manque de conformité du système judiciaire et de la police, qui perpétue la discrimination dans l’attention accordée aux victimes. Le parti chrétien-démocrate (PDC), sans entrer dans les détails, a affirmé avoir une proposition pour lutter contre la violence de genre, et Ruth Nina, de Pan-Bol, a fait de la lutte contre la violence un point central de son programme électoral.

      Pour sa part, le Bloc de l’Unité, composé de leaders tels que Samuel Doria Medina et Tuto Quiroga, s’est engagé à inclure dans son programme de gouvernement la restitution de la démocratie, la défense de la nature, le respect des peuples indigènes et de la terre, ainsi que la lutte contre la corruption et le trafic de drogue. Et la violence ? Elle ne figure ni dans les propositions du Bloc de l’Unité, ni dans celles d’autres candidats comme Manfred Reyes Villa ou Chi Hyun Chung.

      María Pachacute, de Comunidad Ciudadana (CC), souligne la nécessité d’améliorer l’interprétation et l’application de la loi 348, tandis que Ninoska Morales, du MAS, propose des sanctions plus sévères pour les agresseurs et une protection renforcée pour les victimes.

      Demandes de la société civile et perspectives d’avenir

      Au niveau de la société civile, les organisations féministes et de défense des droits de l’homme demandent que des ressources plus importantes soient allouées aux centres d’hébergement, que les opérateurs de la justice soient formés aux questions de genre et qu’un système de suivi efficace soit mis en place pour évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la politique.

      La question cruciale qui demeure est de savoir si les partis politiques, dans leur quête du pouvoir, prendront un véritable engagement en faveur de la sécurité et des droits des femmes, ou si la violence fondée sur le genre restera une dette impayée qui continue à faire des victimes.

      Dans le contexte des élections de 2025, le défi consiste à élire non seulement de nouveaux dirigeants, mais aussi ceux qui accorderont la priorité à une question qui touche des milliers de femmes et de jeunes filles en Bolivie. L’indifférence politique face à cette crise est un défi qui n’a pas encore été résolu.